« Pour le maïs et les betteraves, nous utilisons une bineuse polyv alente »
Désherbage. Le Gaec Perrault, installé dans le Maine-et-Loire, utilise depuis deux saisons une bineuse Steketee équipée d’une caméra à infrarouge. Son guidage performant et ses éléments relativement faciles à moduler permettent une utilisation sur maïs, betterave et, pourquoi pas, sur céréales.
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«dans notre Gaec bio, le binage est une intervention cruciale, explique Sylvain Perrault, associé avec ses frères Damien et Florian sur la ferme familiale au Lion d’Angers (Maine-et-Loire). Nous préférons semer nos betteraves directement en terre, plutôt que de replanter des pieds achetés à un pépiniériste. Mais après un semis, difficile de maintenir la parcelle propre : d’où le recours à une bineuse précise avec un système de guidage permettant de passer au plus près du rang. » Cultivant aussi du maïs et des céréales, les associés ont choisi un modèle polyvalent de la marque Steketee, une filiale du groupe Lemken, spécialisée dans le binage. L’outil mesure 4,50 m de largeur et est conçu pour travailler sur 6 rangs de maïs à 75 cm ou 8 rangs de betteraves espacés de 50 cm. Le Gaec a également prévu les équipements pour biner les céréales semées à 15 cm d’interrang. Mais sur les deux premières saisons, les associés n’ont jamais eu besoin de s’en servir. Actuellement, le semis de betterave se faisant avec un semoir six rangs, les deux éléments extérieurs de la bineuse sont relevés pendant le chantier. À terme, le Gaec prévoit d’utiliser un semoir de betteraves à huit rangs pour profiter de toute la largeur de travail de la bineuse. Le changement de configuration d’une culture à l’autre réclame environ deux heures de main-d’œuvre pour une personne seule. C’était un point important pour les exploitants qui binent betteraves et maïs sur la même période. La console électronique en cabine enregistre les réglages correspondant aux différentes combinaisons d’outils. Il est ainsi très facile de les retrouver lors d’un autre chantier.
Semis rectiligne au GPS
Dans les betteraves, cette bineuse est le seul outil de désherbage mécanique utilisé par le Gaec. En maïs, le binage vient souvent après un ou deux passages de houe rotative. Pour faciliter le pilotage lors du binage, les cultures sont implantées avec un tracteur autoguidé. L’agriculteur crée des passages bien rectilignes en commençant le semis soit le long du bord le plus droit de la parcelle, ou, quand ce n’est pas possible, directement au milieu du champ, quitte à finir par des passages en pointe sur les côtés. Le semoir est équipé d’un système de coupure de tronçons pour éviter les recroisements en fourrière. Sur la bineuse, le chauffeur relève individuellement chaque élément par une impulsion sur l’écran en cabine quand il arrive sur les bords. Le constructeur proposait également l’option coupure de rangs automatique par GPS mais il fallait compter environ 5 000 € supplémentaires. Le Gaec n’a pas fait ce choix car leur parcellaire n’est pas trop biscornu et le relevage manuel leur convient. Ces technologies ont en effet un coût à prendre en compte : selon les équipements retenus, une machine de six rangs peut être vendue entre 30 000 et 50 000 €.
L’attelage de la bineuse est monté sur une interface hydraulique pouvant se décaler automatiquement à droite ou à gauche de 25 cm. Pour guider précisément la machine, le constructeur propose une caméra haute résolution capable de travailler dans plusieurs tranches de couleur : le vert pour une majorité de cultures ou en multicolore pour certaines plantes, notamment en maraîchage. Les images prises par la caméra apparaissent à l’écran : la culture en rang est représentée en vert et les adventices en rouge. Il existe aussi un mode apprentissage où le chauffeur réinitialise sur l’écran les couleurs de référence. Ce mode est parfois utile avec du maïs décoloré par un stress, par exemple.
Passage à 4 cm du rang à 8 km/h
Lors des premières interventions, la caméra est placée sous le châssis de la machine : là où la détection n’est pas perturbée par l’alternance de l’ombre et du soleil. Ensuite, au fur et à mesure que la végétation grandit, le chauffeur la place sur un autre support plus haut, sur le côté. L’objectif est de prendre si possible au moins deux rangs pour éviter que la caméra ne se perde s’il manque des plantes par endroits. Le déchaussement des mauvaises herbes est assuré par différents outils : des lames de type Lelièvre le long du rang et des socs plats au milieu de l’interrang. Les lames Lelièvre ont une forme en L, orientée à droite ou à gauche. Elles scalpent le sol sans projeter de terre. Cet équipement est conçu pour passer à proximité du rang sans l’abîmer. Ainsi Sylvain Perrault s’approche à 4 cm du maïs en roulant à 8 km/h et à 2 cm des betteraves à la vitesse de 4,5 km/h. Le réglage de la largeur de travail s’effectue au moyen de manivelles sur chaque élément pour écarter ou rapprocher rapidement les outils. Lors des premiers passages, le Gaec utilise aussi des roues étoilées souples de marque Kress pour déchausser les adventices présentes dans le rang. Au départ, les trois associés comptaient utiliser les lames Lelièvre pour passer plus profondément au second passage sur maïs et avoir un effet buttage sur le rang. Mais ils ont constaté une usure prématurée des lames et ont préféré acheter un autre jeu d’outils plus adaptés. « Le binage donne des résultats satisfaisants si les bons accessoires sont utilisés au bon stade, commente l’éleveur. Les conditions d’intervention sont souvent déterminantes, avec des fenêtres climatiques assez courtes. Nous l’avons constaté cette année, notamment avec l’humidité importante en juin et début juillet. Pour garder les parcelles les plus propres possible, il est donc important d’avoir un outil qui s’adapte rapidement à la culture, avec des réglages rapides et un débit de travail élevé. »
Denis LehéPour accéder à l'ensembles nos offres :